Les Cichlidés

Avec leur bouille attachante et leurs comportements géniaux, les cichlidés sont depuis longtemps appréciés dans le hobby aquariophile. Colorés, variés et présents sur presque tous les continents, leur maintenance apporte du plaisir à leurs adorateurs, qu’elle soit facile ou plus pointue… Qui de mieux que Patrick Tawil, présent depuis le départ de l’aventure AFC aux côtés de J.C. Nourissat, R. Allgayer ou P. De Rham pour nous parler de cette famille incroyable: les cichlidés.

Diversité de couleurs de provenance de comportements… la grande famille des cichlidés.

Extrait du Nouveau guide des cichlidés, première partie: panorama des genres et espèces. Chapitre 1: Généralités sur les cichlidés. Par Patrick Tawil

  « La plupart des aquariophiles d’eau douce sont capables de reconnaître un cichlidé au premier coup d’oeil : les cichlidés sont des poissons dépeints comme des poissons massifs, agressifs et qui « cognent » tout ce qui bouge dans leur environnement. Ceux qui en savent un peu plus mentionnent généralement leur parenté avec les perches. D’ailleurs, si, en français, il n’existe pas de terme vernaculaire pour les cichlidés (à quelques exceptions près, comme les tilapias ou tilapies), les Allemands les appellent « Buntbarsche », ce qui signifie « perches colorées ».
Et effectivement, ces poissons font partie du grand groupe des poissons apparentés à la perche ou percomorphes, dont la classification est en perpétuel remaniement. Bien qu’ils soient passés du rang d’ordre (les perciformes) au rang de groupe ou super-ordre, les percomorphes sont les plus diversifiés de tous les vertébrés, par le nombre d’espèces comme par celui des familles. Ce sont aussi les plus évolués des téléostéens, qui représentent eux-mêmes la lignée la plus jeune et la plus diversifiée parmi les poissons. Les percomorphes sont des poissons acanthoptérygiens, c’est-à-dire dont les portions antérieures des nageoires sont épineuses, par opposition aux malacoptérygiens, dont les rayons des nageoires sont généralement mous. Une autre caractéristique importante de ces poissons est la position de la ceinture pelvienne : alors qu’elle est très en arrière de la ceinture pectorale chez les poissons primitifs et leurs descendants, les vertébrés -nous y compris, puisque c’est ce qui a permis l’apparition de la locomotion quadrupède, les acanthoptérygiens ont progressivement ramené leurs nageoires pelviennes à la verticale des nageoires pectorales (parfois même en avant de celles-ci). Cette configuration n’aurait aucun avenir pour la marche quadrupède –d’ailleurs, les quelques percomorphes qui sortent de l’eau, comme les périophtalmes, n’ont que deux appendices locomoteurs- mais elle permet une meilleure stabilité lors de la nage, notamment en cas de « freinage », en évitant au corps de basculer ou de rouler. L’évolution des percomorphes étant encore mal reconstituée, il est difficile d’en classer les innombrables familles, et même de les définir (d’où un nombre très fluctuant). Si les cichlidés en eux-mêmes restent à peu près stables en tant que famille, il n’en va pas de même de leurs liens de parenté immédiate. Pendant longtemps, il était admis que leurs plus proches parents étaient les labridés (labres, vieilles, girelles… tous marins), ce qui était étonnant compte tenu de leurs très grandes différences d’aspect, de locomotion, etc. En revanche, leur parenté avec les pomacentridés (marins également, et auxquels appartiennent les poissons-clowns, demoiselles, etc.), auxquels ils ressemblent par la morphologie et le comportement ne s’est jamais démentie. Une famille voisine et peu connue, celle des embiotocidés complète le tableau des très proches parents de nos cichlidés.
Les embiotocidés, appelés « surfperches » en anglais, sont une petite famille marine (à une exception près) dont les membres possèdent la particularité d’être
vivipares. Pour revenir à notre question initiale, qu’est-ce qui sépare les cichlidés de leurs cousins ? La liste des caractères propres de la famille est relativement fournie, puisqu’elle comprend : la présence d’une seule paire de narines (au lieu de deux) ; l’absence de replat osseux sous l’oeil ; la ligne latérale divisée en deux parties, l’antérieure près du dos et la postérieure en position médiane ; la forme particulière des otolithes (concrétions de l’oreille interne) ; un dévidoir de l’intestin en position gauche (au lieu de droite chez les autres familles apparentées). Clairement, pour l’aquariophile, les seuls critères facilement utilisables sont l’unique paire de
narines et la présence (en général) de deux lignes latérales, la première en position haute étant incurvée de manière caractéristique et se terminant bien après le départ de la deuxième, qui est en position médiane. Il existe de nombreuses exceptions à cette règle, avec parfois des lignes latérales fusionnées en une seule, ou au nombre de trois, très réduites et à des hauteurs différentes. Une autre caractéristique externe distingue en général les cichlidés de leurs proches parents pomacentridés : l’absence de sillon dorsal dans lequel se range la nageoire. Mais ce sillon existe chez les plus primitifs des cichlidés, les étroplinés indo-malgaches. Il s’agit selon toute vraisemblance d’un caractère primitif partagés par les pomacentridés et les étroplinés et perdu ultérieurement par les autres cichlidés au cours de leur évolution. Les cichlidés présentent une autre caractéristique majeure ayant joué un rôle essentiel dans leur réussite évolutive : la possession de mâchoires pharyngiennes efficaces pour triturer ou broyer leur nourriture. Ces sortes de mâchoires secondaires sont constituées d’os situés en arrière de la bouche, dans le pharynx, au nombre de deux paires. Cette disposition, qui n’est pas propre à la famille, est qualifiée de pharyngognathie. Les cichlidés se caractérisent par la fusion des deux mâchoires pharyngiennes inférieures en un os unique -appelé simplement os pharyngien- très utilisé autrefois pour leur classification. Les mâchoires classiques sont quant à elles diversement développées pour faciliter la collecte de la nourriture et très mobiles, y compris la mâchoire supérieure, ce qui est d’ailleurs la norme plutôt que l’exception chez les vertébrés, hormis les mammifères. « 

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