Revue d’avril 2019

Ce mois-ci c’est sur le Rio Mataven que nous découvrirons les plus gros monstres de notre famille préférée….
Pris par le temps nous n’avons pas plus glisser cette petite note
dans votre revue d’avril mais voici un petit complément à l’article de
Christophe Girardet.
Notre ami pécheur s’intéresse évidement aux gros poissons et il parle donc de trois morphes de Cichla temensis.
Ce faisant il oublie une forme de coloration qui concerne un peu plus
les aquariophiles vu la taille des spécimens concernés : celle des
juvéniles. Dans l’ouvrage « la Guyane française et ces cichlidés » nous décrivions les juvéniles comme suit :
« Les juvéniles arborent également une bande latérale sombre, comme chez les Crenicichla, qui s’entend soit de la tête à l’ocelle caudale ou uniquement de la troisième tache à l’ocelle caudale (bande latérale abrégée).
Cette différence de coloration juvénile permet de définir deux groupes d’espèces : –
- le groupe ocellaris avec la bande latérale abrégée, proportionnellement plus haut de corps et perdant la coloration juvénile à une taille inférieure (en deçà de 10 cm)
- le groupe temensis avec la bande latérale complète, plus élancé et qui perdent la coloration juvénile à une taille plus importante (au-delà de 10-15 cm). »
Voici donc une photo d’un juvénile Cichla temensis (ou du moins du groupe temensis)

et pour comparaison une photo d’un juvénile de Cichla cf. monoculus (ou du moins du groupe ocellaris)

(deux photos : Clinton & Charles Robertson (CC BY 2.0)
Au delà de 10 cm la coloration de Cichla temensis change et viennent les trois morphes évoqués par Christophe.les poissons appelés « tucunaré paca » sont ornés de points blancs plus ou moins arrangés en lignes et leur nom vient de la ressemblance avec le paca ( Cuniculus paca), un mammifère rongeur sud américain bien connu. Les poissons sont des subadultes.

Photo Yann Fulliquet
Ensuite, en plus des taches blanches, les trois bandes verticales caractéristiques apparaissent. A ce stade intermédiaire les poissons sont appelés « tucunaré paca açu » et pour finir lorsque les individus sont vraiment grands, adultes, dominants et/ou en période de reproduction alors les points blancs disparaissent et on parle de « tucunaré açu » ( « açu » est un terme tupi-guarani qui selon les informations glanées signifie grand)
Pour conclure « tucunaré » est souvent compris comme « l’ami des arbres » composé à partir des mots tupi : « tucun » (arbre) et « aré » (ami). En fait il pourrait s’agir de « tucum » une espèce précise de palmier épineux (Bactris setosa) et le mot ami serait alors utilisé dans le sens « qui ressemble à » , en référence à la dorsale aux épines acérées de ces cichlidés, alors que la première traduction ferait référence à une prétendue préférence d’habitat. La seconde explication me semble plus logique mais cela mérite plus de recherche.
Florent de Gasperis
Rédacteur en chef de la RFC